13 février 2015

La Gardienne des traditions

Suggestion d'un très beau texte, de la part de Anne-Marie Grenier 





Source:  La Presse, édition du 7 février 2015

À LA FERME COMME 
À LA MAISON

LA GARDIENNE DES TRADITIONS

Une fée de la douceur, ça existe ? Il suffit de prendre dans nos mains une serviette de table d’Anne-Marie Hamel pour ne plus vouloir s’en départir. On croirait tenir un nuage. Dans la décoration pourtant contemporaine du restaurant Les Labours, la tisserande se pose en gardienne du patrimoine.
Une présence toute en subtilité, pour laquelle il a fallu qu’Anne-Marie Hamel travaille un nombre incalculable d’heures sur ses métiers à tisser.
« Ça a été ma première grosse commande, dit-elle. Ça m’a amenée à me dépasser ». Pendant un an et demi, elle a tissé 700 serviettes de table, mais aussi des coussins ornés de l’étoile de Charlevoix, avec ses huit pointes caractéristiques. Un travail colossal, fait sous l’œil attentif de son fidèle compagnon d’atelier, son chat Gattito.
Anne-Marie Hamel gagne sa vie avec ses créations depuis une dizaine d’années, mais elle tisse depuis ses 20 et quelques années. Elle pratique le « boutonné de Charlevoix », une technique « typiquement charlevoisienne qui est en train de se perdre », déplore-t-elle.
« Je suis l’une des plus jeunes à en faire. Je connais des femmes de 80 ans qui la connaissent encore, mais en tout on est une quinzaine à la faire. J’essaie de la montrer à des plus jeunes, mais c’est une technique qui est longue. » — Anne-Marie Hamel 
Bien que le boutonné ressemble à de la broderie, le travail est différent. « On ressort le fil à plusieurs endroits pour faire le dessin », explique Anne-Marie Hamel.
Avec cette technique, la tisserande crée des images représentant des métiers ou des objets traditionnels. « Pour le plaisir », elle aimerait en faire d’ici à quelques années une exposition sur les métiers traditionnels.
« Les jeunes ne savent pas ce qu’étaient un forgeron, une tisserande, un draveur, déplore-t-elle. Ce n’est pas si loin que ça : je connais un gars de 68 ans qui a fait de la drave ! C’est important que les jeunes connaissent le patrimoine. »
Alors Anne-Marie Hamel continue à tisser. « Le métier, c’est mon métier », dit-elle. C’est aussi une douce tradition.
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